Voici un titre quelque peu provocateur pour vous faire réagir et dédramatiser ce qui se cache derrière le langage commun.
Il y a une différence entre avoir des « traits névrotiques » et « être névrosé(e) », du plus léger au plus lourd mais effectivement nous ne sommes vierges de rien… Mince alors !
Un peu d’histoire
Je suis dans ma 1ère année de Fac en Psychologie et les amphithéâtres sont bourrés à craquer. On nous serine constamment que les débouchés sont quasi nuls dans cette filière sauf dans les spécialités expérimentales ou sociales. C’est une année d’exploration où l’on découvre les champs d’application de la psychologie. En parallèle le nombre des étudiants chute de manière drastique au fil des mois et des examens.
On aborde la psychologie clinique (l’histoire, les tests etc..) et la pathologie mais, à mon grand désarroi, je me mets à me reconnaitre dans tout ce qui est cité en cours et je me sens donc de plus en plus mal. Des névroses les plus légères au plus invalidantes, rien ne m’est totalement étranger, que se passe-t-il ?
Rêve
Comme j’aurais aimé à l’époque qu’un professeur, un seul, se lève de derrière son bureau et nous lance : « Pas de panique, vous allez vous reconnaitre partout ! » Parce que, malgré tout, il y a de quoi s’inquiéter, n’est-ce pas ?
Il aurait suffi, au cours de ces premières années, que l’on nous « parle » de notre normalité et de nos questionnements au seuil de ces études, en espérant que cela a évolué aujourd’hui…
Réalité
Je ne suis pas enseignante au sens classique du terme mais j’ai accompagné des étudiants et autres patients plongés dans l’incompréhension voire la panique d’avoir telle ou telle névrose.
Etre « en équilibre », c’est comme une bonne recette culinaire et avoir les ingrédients nécessaires sans trop ni peu, savoir jongler entre le poivre et le sel mais avoir tout à porter de mains.
Ainsi être « en équilibre » psychologique, c’est comme être dans une cuisine qui se nommerait la Vie, notre Vie et avoir à disposition, un peu de tout : un peu de phobie, une pointe d’hystérie, un soupçon d’obsession… apprendre à jongler avec les saveurs c’est à dire avec « les traits de personnalité » qui sont les nôtres, êtres humains que nous sommes. En fonction des circonstances et des personnes rencontrées, avoir et ressentir cette souplesse intérieure qui signe notre capacité d’adaptation et donc d’évolution. Nous pouvons ainsi créer une recette différente en fonction des moments.
Ce que l’on nomme « névrose », c’est lorsque notre histoire et les difficultés rencontrées nous ont malheureusement fait perdre cette souplesse et cette fluidité d’ajustement face aux événements ou aux situations. Notre relation au monde se rigidifie sans altérer notre personnalité ni notre capacité à être dans la réalité. Nous gardons d’ailleurs toujours un œil critique sur le ridicule de nos peurs. Cela peut ainsi nous conduire à développer une phobie, une angoisse particulière, des pensées qui nous obsèdent ou autres. Et voici que notre palette de recettes se réduit et nous conduit à présenter souvent le même plat.
Alors… qui peut dire ne rien connaitre ou ne rien ressentir de cela ?
Un prochain article décrira les différents « traits de personnalité » qui font le creuset de notre formidable capacité à s’éveiller à ce qu’il y a de plus sacré en nous : le bonheur de vivre.
Valérie Péala
Psychologue, Gestalt-Thérapeute,
Mémoire Cellulaire, TIPI, NERTI